(tom) sweeter than heaven

001 - Il a trois ans quand son père décide de se faire la malle. Juste un gamin. Mais c'est à ce moment que les responsabilités prennent racine. Il est l'homme de la maison. Il se souvient à peine des larmes de sa mère. Ne veut pas y repenser. Elle rayonne maintenant. Elle est belle. Elle s'en fout, de tout ce qui peut lui arriver. Elle s'est mariée trop jeune, a tout perdu, maintenant elle profite, bien que son travail lui prenne du temps. Trop. Ça a toujours été le cas. Mais il fallait bien faire quelque chose pour élever son fils. Et quatre ans plus tard un autre. Et deux ans après des jumeaux. Encore deux ans et c'est une fille, finalement. Jamais le même père. Oh, Elena Patterson a gardé son nom d'épouse et l'a donné a ses enfants. N'a jamais trop été pour l'avortement, et eu plus d'un accident. Mais peut-être que cette femme n'est pas la personne la plus responsable de la planète, s'il est une chose qu'on ne peut lui reprocher c'est tout ce qu'elle a pu sacrifier. Elle les aime ces gosses. Ses gosses, à elle. Et elle en a sué. En sue toujours. Pour payer cette appartement a Brooklyn. Avoir assez pour compléter les bourses, le jour ou ils veulent étudier. Elle est forte. Et il l'admire sa mère, Tom. Plus qu'aucune autre femme. Cette famille c'est elle avant tout. Il ne prendra jamais crédit. Pourtant, quand elle travaillait nuit et jour et que la baby-sitter pas trop cher n'était pas la meilleure, c'est lui qui a pris les rênes a la maison. Lui qui a fait l'adulte, et élevé ses frères et sa petite soeur. Il s'en est peut-être oublié, un peu. Après tout quand il faut aller en chercher un au football, l'autre à la garderie et toujours faire attention à tout, vérifier leurs devoirs aussi, on a plus tant de temps que ça. Tant de temps pour soi. Pourtant, il ne se serait jamais plaint. Ne se plaindra jamais. Il les aime, tous autant qu'ils sont. Et il a bien trouvé du temps, une fois plus vieux, pour se trouver ses propres intérêts. S'est rendu compte que c'était un talent peut-être, ce qu'il écrivait dès qu'il avait un peu de temps. Que c'était là ce qu'il aimait. Et puis, même avec les petits, il n'a jamais rien laissé se mettre entre lui et l'école. Avoir de bonnes notes c'est bien important après tout. Impressionner sa mère. Les rendre fiers, tous. Être l'homme de la maison. 002. Il a quinze ans et se découvre. La famille est toujours là, c'est son cocon et il n'en bouge pas. Il se rend compte et c'est tout simple que les filles ne sont pas pour lui. Il s'en rend compte et le dit, c'est naturel. Il n'a jamais été du genre cachottier. Sa mère sourit. « Et ? » Et rien. Et c'est dit. Et c'est fait. Il ne s'attendait pas à une autre réaction. 003. Columbia est une des universités les plus prestigieuses du pays et il y a été admis. Il s'occupe des ses frères, de sa soeur, qui ont grandi, comme lui, mais sont toujours à ses yeux, petits, tout petits. Des bébés. Mais pour une fois, sa nuit est à lui, à personne d'autre. Il a passé la journée en cours. C'est le cas depuis quelques mois maintenant. C'est Columbia après tout. Et il est trop sérieux pour jouer à l'idiot et perdre sa bourse en séchant. Cette nuit est différente. Il s'est fait quelques amis. Un petit cercle bien à lui. Il ne sort pas souvent pourtant. Mais cette nuit il est là. Soirée de célébration, les vacances de Noel commencent sous peu et tout est prétexte à célébrer chez les étudiants. Andy est bourré. Plein à craquer. Il rit. Tom ne peut s'empêcher de le fixer, pourtant de l'autre côté de la pièce, continuant à discuter. Il est devenu bon à ce petit jeu. Devenu bon a faire plusieurs choses à la fois. Andy il l'a rencontré en cours. Un projet à faire ensemble en littérature, son cours principale et une option pour l'autre, qui se dirige vers toute autre chose. Mais Andy qui est plein à craquer d'alcool l'embrasse avant qu'il ait eu le temps de revenir au monde qu'il entourait. Mais Andy rit, et murmure qu'il voudrait lui tirer les cheveux. Avant de s'éclipser aux toilettes. Il rougit, mais son instinct le pousse à suivre son... Ami? Pas vraiment. Peu importe. Caresser ses cheveux alors qu'il vomit. Rien de vraiment glamour. Il apprends ce jour que cet homme ne tient pas l'alcool. Le raccompagne. Rougit encore. Trop. Quand il doit le fouiller pour trouver les clés de sa chambre. Il passe la nuit là, sur le lit de son colocataire, qui a décidé que l'université ne serait pas pour lui en début d'année. Le lendemain, c'est ses cheveux qui le réveillent. Ou plutôt un idiot qui les tire juste assez pour que ce soit désagréable. C'est le début de quelque chose. C'est leur début à eux. 004. Andy fait la gueule. Dernière année d'études pour Tom. Avant dernière pour lui. Ils emménagent ensemble. Ils sont différents. Ont leurs hauts, leurs bas, et pourtant, s'accrochent. Mais Tom sait exactement ce qui ne va pas. Le premier appartement était trop cher, loin d'être dans leurs moyens. Le second trop loin de tout. Le dernier, par contre, minuscule, est à deux blocks de chez Tommy. Chez sa famille, maintenant. Mais Andy aime les belles choses et Andy voudrait lui offrir le monde. Il voudrait juste réussir, au final, à faire comprendre à cet homme que cet appartement n'est que le début, un pas qui est déjà bien assez. On ne devient pas riche en claquant des doigts. Il voudrait lui faire comprendre qu'il n'a pas besoin de belles choses. Juste de lui. 005. Il parait que les mariages sont quelque chose d'important dans la vie d'une famille. La nuit a été courte, et le petit déjeuner au lit du dimanche matin calme. Jusqu'à ce que la nouvelle tombe. La petite sœur (vingt et un ans) d'Andy se marie. Il doit retourner chez lui pour l'occasion. Une suggestion de Tom? Il voudrait venir. Lui tenir la main, comme il le font ici. L'embrasser. Rencontrer ses parents. Andy se dit que l'idée n'est peut-être pas la meilleure. Lui dit. Se fait vider une bouteille d'eau sur le coin du crâne. Le temps d'essuyer ses lunettes, Tom s'est déjà redressé pour s'excuser. Lui tendre un nouveau t-shirt. Ce serait quand même mieux qu'il n'attrape pas froid. Il aurait aussi bien pu courir dehors, rentrer pleurer dans les jupes de sa mère. Elle sait, Elena, que quand il arrive ainsi, comme une fusée, 'juste pour parler', c'est qu'ils se sont disputés. Elle en rirait. Son fils est invivable. Ou peut-être est-ce son homme. Mais c'est souvent comme ça. Leur méthode de fonctionner. Des disputes, partir, seulement pour mieux se retrouver. Andy est devenu une partie de cette famille que Tom s'est créée, qu'il voudrait parfaite. Et Andy le retrouve à chaque fois. S'excuse, ou trouve des fleurs, même quand ce n'est pas toujours sa faute. Et les retrouvailles n'en sont que plus parfaites. Mais cette fois, c'est plus sain peut-être. Ils parlent. Et cette fois Andy le serre fort. Accepte. Tom secoue la tête. L'embrasse du bout des lèvres. « Non, je comprends. Pas cette fois, et puis, je ne voudrais pas voler la vedette à ta sœur. Prépare-les, d'accord ? » 006. Il n'a toujours pas rencontré ses parents. Andy fait son internat dans un grand cabinet d'avocats. A fait un stage aux côtés du maire de New-York aussi. Il est brillant cet homme. Son homme. Et il y pense, rêvassant avant de s'y remettre. Finir sa page, faisant de son mieux pour ne pas se laisser distraire par cette homme brillant et ses blagues stupides. Vraiment? « So, you’re looking for platform 9 3/4? I know something with that exact measurement. » Idiot. « I’m just saying, one night with me and they’ll call you moaning myrtle. » D'ou lui vient cette envie de ruiner son enfance? « I’m not wearing an invisibility cloak, but do you think I could still visit your restricted section tonight? » Il faut qu'il termine cette page. « You better hurry up, because my wand is at the ready» Ses doigts courent contre sa peau. Non. Mauvaise idée. Il rit. Peut-être trop fort, les murs ne sont pas vraiment épais. Il ne pouvait pas résister ceci dit. Les chatouilles sont vraiment trop injustes. Il le répète, il doit finir ce chapitre. Roule des yeux quand Andy tombe à genoux. Voudrait peut-être le frapper. Ces faux espoirs sont encore plus injustes « Thomas Stephen Patterson, me feriez-vous l'honneur de tenter de procréer ce soir, avec moi? Aucun de nous ne sera autorisé à sortir de cet appartement avant d'être... Enceinte, prenez-en note. » Il voudrait rire mais ceci n'est juste pas drôle. C'est jouer avec ses sentiments. Il le regarde à peine. « Andy. Une autre fausse demande en mariage et je te promets que tu ne poseras plus tes mains sur moi avant que tu ne me demande vraiment en mariage » Il ne sait plus ce qu'il voulait écrire. Et son coeur s'arrête quand il le regarde. Et que sans un mot il sors cette bague, stupide bague. Et peut-être qu'il a ruiné une proposition plus romantique, le lendemain lors du repas familial chez les Patterson (toutes les deux semaines, dimanche midi), ou au petit déjeuner (au lit. Avec des bougies), mais peu importe. Peu importe, vraiment, car en cet instant, le monde lui semble plus que parfait.

Il y aura peut-être d'autres disputes. Il y en aura certainement. Mais peu importe. Ils survivront. Quel que soit le monde dans lequel ils seront projetés. Ça, il en est persuadé. Andy aura ses jolies choses. Lui, il s'en fout. Honnêtement. Sincèrement. Tant qu'il peut garder cet homme. Sa famille. Ses valeurs. C'est là ou sont tous ses rêves.
Oh, et. 007. Une enveloppe ouverte à la hâte. Un contrat signé. Son livre va être publié.